Ni anges ni démons
Samedi 15 novembre, s’est déroulée à Fès la première journée de l’AMARF qui est une très jeune amicale des médecins anesthésistes réanimateurs de Fès unissant les praticiens en anesthésie réanimation publics et libéraux de la ville de Fès. Cette première sortie, bien réussie, de nos amis fassis a rassemblé de nombreux médecins anesthésistes réanimateurs (MAR) des différentes villes marocaines (CHU, public et libéral), des juristes imminents, des avocats du barreau de Fès, ainsi que des représentants du collège syndical des médecins privés et certains présidents des conseils régionaux de l’ordre des médecins. Cette journée monothématique était réussie à bien des égards : le nombre de participants, la qualité des orateurs et des conférences, et surtout le thème qui a suscité un débat sincère et profond.
« Les aspects médicolégaux dans la pratique de l’anesthésie réanimation au Maroc » a donc réussi a attiré une pléiade de participants qui ont tenté de rapprocher les aspects de la pratique du métier d’anesthésie réanimation à la juridiction marocaine.
Si les juristes ont essayé de clarifier les dispositions des codes pénal et civil, ainsi que les procédures des plaintes en justice auxquelles peuvent être exposés les médecins, les praticiens de leur coté ont plutôt essayé d’expliquer les particularités de leur métier les exposant aux risques de « vulnérabilité judiciaire » à tout moment de leurs exercices. Les MAR ont rappelé leur attachement ancré aux droits fondamentaux de nos concitoyens relatifs à l’accès aux soins de santé, à la dignité, à la sauvegarde de leurs vies et au respect de leurs intimités, Ils ont aussi évoqué leurs adhésion totale et inconditionnelle aux principes de l’équité et de justice réfutant ainsi intégralement les allégations les concernant de prétendre à l’immunité et être au dessus de la loi. Néanmoins, ils ont expliqué que l’erreur est humaine, et quand elle survient, son caractère non intentionnel devrait immédiatement être retenu en attendant la confirmation du contraire par une expertise médicale objective, qualifiée et adaptée à l’affaire en cours ; loin des avis préétablis et prêts à l’emploi commercialisés par certains vendeurs de papiers à scandales.
Aux blocs opératoires ou en salles de réanimation, les médecins anesthésistes réanimateurs, de part leur proximité immédiate des patients, de leurs manipulations de produits susceptibles de rendre la vie à des patients en état de mort apparente, de leurs dévouement pour sauver des vies face à des risques de mort imminente sont exposées chaque jour à des situations leur imposant de prendre des décisions extrêmement urgentes qui à posteriori peuvent porter des préjudices esthétiques ou fonctionnels pour les mêmes patients. Alors comment pourrions-nous parler d’erreur ou de négligence ? Le terme approprié serait plutôt celui d’alea thérapeutique ou d’effet indésirable d’une décision médicale qui ne pourrait en aucun cas aboutir à une sanction pénale hormis le cas précis quand le praticien ne possède pas toutes ses facultés de jugement sous l’effet de substances abrutissantes.
Aucune recommandation n’a été émise à la fin de cette journée scientifique, mais les participants étaient unanimes pour la poursuite des rencontres et des ateliers regroupant des juristes dévoués et des représentants des MAR pour faire du conseil de l’ordre des médecins l’ interface qui protège et la santé du citoyen et l’image de marque du médecin et l’habiliter (le COM) à faciliter la compréhension entre ces deux corps de métiers fondamentaux au développement de la société et de notre pays.
Dr Benyacob Abddelhalim
Initiative louable