J’ai toujours admiré les écrivains, les bons écrivains je veux dire. J’admire aussi les bons joueurs de football. Ce sont des gens très doués. Et comme à chaque fois je me trempe en pensant que je peux faire comme eux en croyant à tort qu’il est facile de réaliser des prouesses techniques devant des milliers de spectateurs, ou d’écrire des romans aussi longs et aussi beaux les uns que les autres.
Et ce n’est pas faute d’avoir essayé, Sur un terrain vague, je n’ai jamais pu impressionner ne serait ce que le meilleur de mes amis. Encore moins sur le papier, je n’ai jamais pu dépasser deux pages dans un style décousu, parfois même incohérent.
Quand j’ai commencé la lecture du roman (Le prince des marées) j’ai cru que j’allais m’arrêter, à cause de l’ennui, aux premières pages, mais à mon agréable surprise je l’ai littéralement dévoré tellement le style est attrayant, et l’histoire saisissante.
Pat Conroy raconte, dans un style académique et bien maitrisé, l’histoire d’une enfance turbulente, pleine de souffrance, de joie, de complicité entre frères et sœur, de compassion, et de bravoure.
Quand un papa n’a de manières pour exprimer son amour pour ses enfants que la force des biceps et les caresses violentes des poings. Et lorsque se rompt un équilibre familial précaire maintenu par la tendresse et le courage d’une maman à la beauté renversante, mais dont le seul péché a été de voir trop grand sur fond d’une patience athlétique, on ne peut que détester irrémédiablement son géniteur.
Quand l’éblouissement innocent d’un enfant en vers sa mère se transforme, à l’âge adulte, en mépris inconditionnel et systématique. Quand on perd un très proche et que l’on tombe du haut de son corps dans une fosse noire, ténébreuse, à la froideur abyssale. Et que notre esprit est lynché par les remords, la culpabilité et la tourmente. C’est au moment précis que lorsqu’on touche le fond que des événements imprévus déclenchent les forces du bien qui nous poussent vers le haut et nous ramènent vers les lumières. On retrouvant le courage et l’humilité de pardonner, pardonner son père pour sa tyrannie, sa maman pour son égoïsme, sa femme pour son indiscrétion …..et la vie pour son injustice. On se met inéluctablement sur le chemin de la guérison.
Bonne lecture et Bonne année.